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Les PGR : ces hormones de croissances qui empoisonnaient les cultures en Californie de 2010 à 2018


Quand je suis arrivé en Californie au début des années 2010, un mot revenait souvent dans les discussions entre cultivateurs : PGR, pour Plant Growth Regulators, ou régulateurs de croissance des plantes.

À l’époque, ces produits faisaient fureur dans certains cercles de growers,

surtout chez ceux qui cultivaient des variétés à tendance sativa comme la Sour Diesel, la Blue Dream ou encore d’autres dérivées plus aérées et moins denses que les OG Kush ou les hybrides Girls scout Cookies (renommées par la suite "Cookies" pour des Histoires de Copyright).

Le but des PGR ? Forcer les plantes à produire des têtes plus compactes, plus denses, avec des internœuds ultra serrés. Un rêve pour certains… mais un cauchemar pour la santé.


Ces régulateurs étaient présentés comme illégaux, car des études avaient révélé leur lien probable avec des effets cancérigènes, notamment sur les reins chez les rats.

Une étude menée par le National Toxicology Program (2000) avait notamment classé le Paclobutrazol, l’un des composants du "Bushload" de GHE présents dans plusieurs produits de ce type, comme potentiellement cancérigène après l’avoir administré à des rats sur une longue période.

Et pourtant, ces produits étaient bel et bien en vente dans les grow shops américains.

Ils étaient légalement disponibles car destinés à des plantes ornementales, non destinées à la consommation humaine. Là résidait toute l’ambiguïté.


En Californie, on trouvait des marques comme Bushload (de GHE), Phosphoload (commercialisé à l’époque par Rock Nutrients, une société australienne), ou encore Gravity et Bushmaster, très prisés dans certains cercles.


Le mode d’emploi précisait souvent de n’utiliser que quelques gouttes pour plusieurs centaines de gallons, pendant un ou deux jours maximum, et de faire tourner l’irrigation seulement quelques heures par jour. Ensuite, il fallait rincer abondamment. Si ce protocole strict n’était pas respecté à la lettre, la plante était littéralement empoisonnée, poussait n’importe comment, et produisait un produit final visuellement déconstruits mais aussi toxique qu'instable.


Le pire, c’est que manipuler ces produits était dangereux, même avec des gants et des lunettes. En 2014, je faisais du consulting pour une grosse structure de culture industrielle à Downtown Los Angeles (DTLA), sur une exploitation de plus d’une centaine de lampes. La direction me forçait à utiliser ces produits malgré mes avertissements. À l’époque, sous la Proposition 215 et la Proposition D, il n’y avait quasiment aucune régulation, un peu comme dans un système de dépénalisation il n'y avait aucun cadre sanitaire.


Tout le monde proclamait cultiver en bio sans qu’aucune autorité ne vérifie quoi que ce soit. C’est aussi pour cette raison qu’à Botafarm, on est fermement opposés à la dépénalisation, et favorables à une légalisation encadrée, avec autorisation d’autoproduction, taxation raisonnable, mais surtout traçabilité et sécurité sanitaire.


J’avais d’ailleurs écrit un article à ce sujet dans Soft Secrets à l’époque, afin d’alerter le public français sur ces pratiques largement répandues aux États-Unis.


Le problème ? Les infos mettent du temps à traverser l’Atlantique, surtout quand les consommateurs français ne lisent pas l’anglais. Et sur les réseaux sociaux, les rumeurs prennent vite le dessus sur les faits : c’est du téléphone arabe, dans le pire sens du terme.


Heureusement, la culture a évolué. Avec la démocratisation du VPD, des stratégies de pilotage des cultures (crop steering) et de l’irrigation de précision,

les growers ont compris que la compacité et la qualité pouvaient être obtenues sans chimie cancérigène.

De plus en plus de cultivateurs utilisent aujourd’hui des alternatives naturelles comme l’alfalfa (luzerne), riche en hormones végétales naturelles non toxiques.


Les ventes de PGR ont drastiquement chuté.

Un ami manager chez GreenCoast Hydroponics, l’une des plus grosses chaînes de grow shops aux USA, m’a confirmé que ces produits ne se vendaient quasiment plus. De 2010 à 2018, les ventes étaient massives. Aujourd’hui, il leur reste quelques bouteilles sous le comptoir, mais plus personne n’en veut.

Et ceux qui en utilisent encore passent plutôt pour des amateurs que pour des experts.


En revanche, en Europe, on entend encore parler des PGR. Ironiquement, ce sont souvent ceux qui dénoncent les PGR qui affirment que leur weed en contient,

comme si c’était un gage de provenance californienne !!! Une absurdité.

D’autant plus que les PGR sont inutiles sur des génétiques indica, qui ont déjà une structure naturellement compacte. Donc si quelqu’un vous vend une Gelato boostée aux PGR, c’est soit un menteur, soit un cultivateur incompétent.


Enfin, méfiez-vous des comparatifs photo “avec PGR / sans PGR” qui circulent sur le net. Dans la majorité des cas, les “têtes cailloux” obtenues sont simplement le fruit d’un croisement génétique bien sélectionné, et non d’un traitement chimique.


Encore une fois, il est urgent de démystifier les fausses infos et de transmettre des connaissances vérifiées, surtout en français.

C’est pour ça que j’écris ce blog, pour mettre fin aux légendes urbaines et aux raccourcis douteux qui circulent depuis trop longtemps dans cette industrie.


Merci d’avoir lu cet article. Partagez-le à vos potes qui croient encore que les PGR sont la norme en Californie ou que leur weed “trop dense” vient forcément des States. On est en 2025, pas en 2014.



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